Au Régime français, la colonisation de l’archipel montréalais peut se diviser en trois régions distinctes. À l’est de l’archipel, le territoire est occupé par des colons pratiquant l’agriculture. Au centre de l’archipel se trouve une ville où se rendaient marchands et intermédiaires amérindiens pour le commerce des fourrures. Enfin, à l’ouest de petits établissements français entourés de campements amérindiens sont dispersés. Les autorités évitèrent d’installer une trop grande concentration de colons, optant pour une colonisation extensive favorisant le commerce des fourrures : une faible quantité de colons assurant le commerce licite et contrôlé des fourrures avec une grande quantité d’Amérindiens. L’île aux Tourtes, dans cette situation, devint le havre de tout un groupe de Népissingues ayant réclamé un lieu pour passer l’été. Établi dans une mission à proximité de Montréal, sur les routes de traite et d’une multitude de denrées, le campement des Népissingues devint le prétexte pour l’établissement d’une mission et d’un poste de traite sur l’île. Cet ensemble de facteurs a garanti une constante fréquentation amérindienne du poste et un revenu assuré à Philippe de Rigaud de Vaudreuil (1643‑1725), propriétaire de la seigneurie sur laquelle était établie la mission. Le site de l’île aux Tourtes fut donc un site exemplaire de colonisation extensive où un petit nombre de colons assurait une alliance avec un plus grand nombre d’Amérindiens. Ensemble, ils assurèrent le contrôle de la circulation sur une voie d’eau, et par la même occasion sur le trafic de fourrures descendant du nord vers Montréal.
Suite aux analyses qui ont été réalisées, il est possible de voir la distribution des perles en trois zones. Tout d’abord, l’ouest a fourni la quasi-totalité des perles de verre pour l’ensemble de l’archipel, et ce, sur précisément trois sites. Ces sites sont le fort Senneville (BiFl‑2), la mission sulpicienne de l’île aux Tourtes (BiFl‑5) et le site archéologique et historique Le Ber‑Le Moyne à Lachine (BiFk‑6). Pour un total de 2239 perles de verre dans l’archipel montréalais, ces trois sites ont fourni à eux seuls 1669 perles, soit 74,54 pour cent du total des perles de verre mises au jour dans l’archipel montréalais. Une autre zone ayant permis de mettre au jour une quantité non négligeable de perles de verre est le noyau ancien de la ville de Montréal. Des 19 sites archéologiques recensés, seulement cinq ne contiennent pas de perles de verre, et ce, sur un total de 533 perles de verre recensées à travers les rapports de fouilles consultés. Par contre, il est important de mentionner que le nombre total de perles de verre qui ont été mises au jour sur les trois sites de la pointe à Callière est plus considérable (BjFj‑22, n=654 ; BjFj‑73, n=113 ; BjFj‑101, n=96) (Lamothe, 2006 : 74‑87).
Les perles de verre se concentrent donc dans l’ouest de l’archipel montréalais sur principalement trois sites archéologiques, et dans le noyau ancien de la ville de Montréal. Les sites archéologiques de l’est de l’archipel ne contiennent pas ou peu de perles de verre. Les sites archéologiques du Régime français compris à l’extérieur du quadrilatère des rues McGill, de la Commune, Bonsecours et Saint‑Antoine ont tous été considérés. Pour l’ensemble des 26 sites compris à l’est des rapides de Lachine, un total de 85 perles de verre a été dénombré. Ce nombre de perles semble faible, d’autant plus que 40 de ces perles proviennent du site de l’hospice des Soeurs‑de‑la‑Providence (BiFi‑12) à La Prairie. Les sites de l’est de l’archipel montréalais ne contiennent pratiquement pas de perles de verre dans leurs tissus archéologiques.
À l’est de l’archipel montréalais, le type de site est aussi associé à la présence des perles. La fonction de ces sites est liée à l’occupation coloniale française tandis que la fonction des sites de l’ouest est liée au commerce des pelleteries. Il y a une concentration de quelques sites ayant mis au jour une quantité massive de perles de verre à l’ouest de l’archipel et dans le noyau ancien de la ville de Montréal. À l’est de l’archipel, en revanche, nous retrouvons un grand nombre de sites archéologiques, mais qui ont mis au jour seulement 3,79 pour cent du total des perles de verre de l’archipel.
Dans ce mémoire, nous avons proposé qu’il existe un lien entre la nature extensive de la colonisation dans l’ouest de l’archipel et la présence accrue de perles de verre. Notre analyse a permis de vérifier si la distribution des perles de verre dans l’archipel montréalais coïncidait avec les informations concernant l’occupation du territoire. En effet, les postes de traite qui sont les établissements les plus avancés dans l’ouest avec les missions et les forts et contiennent davantage de perles de verre. Donc, la présence de cette densité de perles de verre sur ces sites témoigne directement d’une activité de traite, sinon d’un contact entre les groupes amérindiens et les colons français. C’est justement à l’ouest que se concentraient les populations amérindiennes tandis qu’à l’est les sites se retrouvent avec une quantité moindre de perles de verre. Le territoire à l’est de l’archipel était occupé par des colons qui cultivaient la terre. La présente analyse a donc vérifié ces faits par le biais d’une analyse archéologique pour les sites datant du Régime français.
Rappelons maintenant qu’il a bel et bien existé différentes utilisations du territoire dans l’archipel montréalais. À l’est se concentrait la majorité des colons de l’archipel qui s’occupaient à un éventail d’activités tel l’agriculture. À l’ouest sévissaient de nombreuses querelles impliquant à la fois colons et Amérindiens pour le contrôle des voies de circulation et mettant en jeux un commerce lucratif des fourrures. Ensuite, se trouvait entre ces deux utilisations du territoire une zone du milieu, ou plus précisément une zone urbanisée qui entretenait des rapports avec l’est et l’ouest. Cette zone du milieu comprenait la ville de Montréal dotée d’un port où arrivaient de nombreuses marchandises de Québec et de l’Europe. C’est à cet endroit qu’étaient débarquées les perles de verre et elles étaient acheminées plus à l’ouest vers les postes de traite. C’est de la ville Montréal qu’était projetée sur l’ouest la culture coloniale française, en même temps que les approvisionnements pour les forts et les postes de traite. Montréal est considérée comme un lieu de transit, un site stratégique où la marchandise est transbordée, où les voyageurs passent d’un moyen de transport à un autre, un site habituellement localisé au confluant de deux voies de circulation ou avant un obstacle naturel (Lasserre, 1980 : 75, 175), dans notre cas, les rapides de Lachine.
À l’intérieur même du site de l’île aux Tourtes, la présente étude a pu démontrer qu’il y existait des espaces culturels bien définis. Le site était en même temps une mission sulpicienne, un poste de traite et un fort. Bien que ce site mette en constante relation et proximité deux cultures, les espaces propres à chaque groupe étaient bien définis. Nous avons pu identifier quatre espaces culturels bien précis à l’intérieur des opérations 1 et 2 comprises sur le territoire de l’île aux Tourtes.
Premièrement, un secteur ayant une densité très forte en perles de verre a été identifié, centré sur les sous opérations 2AD et 2AH. Cette très forte densité se présente avec des proportions allant de 7,25 à 20 perles au mètre carré. La moyenne pour ces 70 mètres carrés est de 10,44 perles de verre au mètre carré. Ce secteur à forte proportion est localisé en périphérie du foyer découvert dans la sous opération 2AH. Deuxièmement, un autre espace ayant une densité moyenne en perles de verre, de 1 à 4,75 perles au mètre carré, se situe dans les opérations 1 et 2 au sud‑ouest de la zone du foyer, c’est‑à‑dire entre la structure de foyer amérindien et la structure de l’église en pierre. La moyenne pour ces 54,25 mètres carrés est de 2,93 perles de verre au mètre carré. Le troisième secteur se situe en périphérie de l’église. Ce secteur a livré une faible densité de perles allant de 0,625 à 0,75 perle de verre au mètre carré. Pour les 101,5 mètres carrés que représente cette zone, il a été mis au jour une moyenne de 0,26 perle de verre par mètre carré. Enfin, le quatrième secteur est compris tout autour des trois derniers espaces décrits à l’intérieur des opérations 1 et 2. Cet espace est lié aux structures de pierres non identifiées à ce jour et ne compte aucune perle de verre dans ses tissus archéologiques. Son importance relève du contraste qu’il représente par rapport aux zones de dépôt de perles. Par contre, ce spectre de distribution ne donne aucune idée précise de l’emplacement des palissades du fort.
Pour comprendre chacune de ces zones, rappelons à quel type d’occupation chaque zone est associée. Le premier secteur à forte densité de perles de verre dans la périphérie du foyer est attribué à l’occupation amérindienne, comme une zone d’habitat à l’époque de la mission. La forte proportion de perles de verre notée dans la zone avoisinant la structure de foyer va de pair avec les autres objets découverts (bagues de jésuite, ferrets, balles de fusil, sceau de marchandise, os blanchis, éclats de quartz, de chert, de mica, retailles de chaudron de cuivre) faisant foi d’une présence amérindienne prolongée dans cet espace. Le deuxième secteur, à densité moyenne en perles de verre, se situe entre le secteur du foyer et le secteur de l’église en pierre. Il semble témoigner d’une certaine activité commerciale, ou d’une aire de circulation où les perles égarées auraient subi une détérioration liée à l’action du piétinement. Cette zone peut être attribuée à la place centrale du fort ou à proximité des portes du fort. Selon les témoignages historiques, c’est dans la mission que les échanges et contacts entre colons et Amérindiens se sont produits, dans ce lieu accessible aux deux groupes culturels. Le troisième secteur, ayant une faible densité de perles de verre, est lié à la structure identifiée comme l’église de pierre construite en 1710‑1711 et semble constituer un lieu de culture coloniale française accessible aux Amérindiens. Comprenant le cimetière de la mission, ce secteur serait inclus à l’intérieur du fort, mais demeure un lieu privilégié d’échanges puisqu’il y était célébré des messes en présence des deux groupes culturels. Cette zone était comprise à l’intérieur d’un espace culturel européen, mais les perles de verre témoignent d’une fréquentation amérindienne des lieux. Le quatrième et dernier secteur est celui où il y a une densité quasi nulle en perle de verre. L’absence de ce type d’objet ne signifie pas qu’il y avait absence d’activité. Les activités comprises dans cet espace culturel européen étaient sans doute en lien avec les structures de pierre situées au nord de l’église, qui n’ont pas été identifiées avec certitude.
L’analyse de distribution des perles de verre sur le site archéologique de l’île aux Tourtes a permis d’approfondir les connaissances en ce qui concerne l’utilisation des espaces de la mission. Les perles donnent un sens culturel amérindien au secteur du cimetière, à l’église de pierre et à la zone en périphérie du foyer.
Dans ce mémoire, nos avons étudié les perles de verre sous les perspectives d’espace culturel et de production culturelle sur la frontière franco‑indienne. Au Régime français, les colons ont progressivement pénétré l’archipel montréalais que les Iroquoïens avaient déserté. Par contre, les groupes amérindiens mobiles qui fréquentaient le territoire s’adaptèrent aux changements qu’amenèrent les nouveaux occupants. L’archipel montréalais fut le théâtre d’adaptations et d’accommodements réciproques entre colons et Amérindiens. Voyons à présent de quelle manière ces développements peuvent être approfondis à travers la perspective du middle ground de Richard White.
Rappelons que le concept de middle ground selon Richard White se résume en un processus générant des faits culturels nouveaux issus du contact entre deux cultures en un lieu où s’expriment des tensions (White, 1992 : 52). Chaque culture en présence tente d’appliquer ses propres standards à toute nouvelle situation que génère le contact, ce dont résultent ces faits originaux qui changent chaque culture en elle‑même (ibid.). Dans le concept du terrain d’entente de White, il est important de retenir que tout ce processus implique avant tout un lieu où il y eut contact entre deux cultures. Ce terrain aurait créé un monde de tensions où le territoire est disputé et les peuples délogés. Les tensions entre cultures auraient généré une mobilité aux frontières, difficiles à maintenir (White, 1992 : 11).
L’archipel montréalais au Régime français se divisait d’est en ouest à une frontière mouvante se déplaçant de plus en plus vers l’ouest avec le temps. Ce que nous apercevons comme une frontière est en fait la limite d’occupation intensive du territoire par les colons. Rappelons que l’occupation intensive coloniale visait une prise de possession des terres par une installation massive et compacte de colons agriculteurs sur le territoire. Les premiers sites à vocation agricole dans l’archipel montréalais se situaient directement au nord et à l’est de la ville de Montréal, ou de Ville‑Marie, premier établissement permanent de l’archipel fondé en 1642. C’est dans l’établissement de Ville‑Marie que se produisait de manière officielle la rencontre entre colons et Amérindiens à des fins commerciales. Après la paix de 1701, les incursions à l’est des groupes amérindiens s’amenuisèrent et les incursions des colons à l’ouest s’intensifièrent. Cette division culturelle du territoire devint la norme. À l’ouest, les Amérindiens continuaient leur mode de vie mobile et résidaient l’été en marge de petits établissements coloniaux comme les postes de traite ou les forts.
L’archipel montréalais est parsemé de sites archéologiques que nous avons étudiés des points de vue de leur position géographique (est, ouest, ville), leur fonction et la présence des perles de verre. Pendant le Régime français, les établissements à vocation agricole étaient situés à l’est de la zone frontalière que représente, au moins jusqu’en 1701, la ville de Montréal. Ces sites comprenant souvent un moulin sont dépourvus de perles de verre. Cet état est justifiable par l’absence d’activités impliquant le contact entre colons et Amérindiens. Inversement, les lieux desquels a été mise au jour une forte concentration de perles de verre se situent dans le Vieux-Montréal et à l’ouest de la ville. Ce sont surtout des sites à fonction commerciale, doublée d’une autre fonction ou à fonctions multiples, qui contiennent une concentration accrue de perles de verre.
Suite à ces constatations, nous proposons que les portions centrale et ouest de l’archipel montréalais faisaient partie intégrante du middle ground, ou terrain d’entente, de Richard White. Plus particulièrement, l’ouest de l’archipel montréalais, à partir de la pointe à Callière, correspond à cette caractérisation conceptuelle.
Les tensions propres à une zone de contact régnaient dans l’ouest. Selon White, les forts et les missions attiraient ces peuples ayant besoin d’un nouveau lieu où se localiser (1992 : 34). Le site de l’île aux Tourtes, dans ses fonctions multiples, semble avoir été créé pour répondre à une nécessité qu’avaient les Népissingues de s’éloigner d’une zone critique où sévissaient les violences dues à la concurrence commerciale. De plus, l’assurance de profits qu’allait procurer la présence amérindienne à proximité d’un poste de traite fut une autre motivation favorisant l’installation des Népissingues dans l’île. Ce revenu, pour le sieur de Vaudreuil, allait être garanti par les Amérindiens attirés par la mission sulpicienne et la sécurité qu’offrait la garnison du fort. Ainsi, si les rencontres entre deux cultures occasionnaient des conflits et une impression de déracinements, ces rencontres étaient aussi sources de nouvelles ententes franco‑amérindiennes.
Les Népisisngues ont émergé au cours de ce mémoire comme une focalisation particulière pour comprendre les perles de l’île aux Tourtes et le concept de middle ground. Richard White (1992 : 53) décrit deux niveaux distincts de phénomènes où se manifeste le middle ground, à travers la production de la vie quotidienne et à travers la production de relations diplomatiques entre groupes distincts. La collection de perles de l’île aux Tourtes semble illustrer surtout la production de la vie quotidienne. Elle est le produit d’une activité d’échange, courante au XVIIIe siècle. Pour les groupes algonquiens, l’échange était motivé par un besoin de se procurer une fourniture utilitaire ou symbolique tandis que pour les commerçants français, cette activité d’échange était motivée par le profit relié à l’acquisition de fourrures (White, 1992 : 98, 99). Ces différences de motivation n’empêchaient pas chacun de trouver une satisfaction dans l’échange et qu’il y ait entente, puis production originale de la vie quotidienne selon l’idée de White. Les Népisisngues, par exemple, en acceptant un échange où l’autre recherchait le profit, ont admis dans leur propre culture un type d’échange fondé sur le modèle capitaliste européen, fondamentalement différent de leur système traditionnel (White, 1992 : 95).
À l’île aux Tourtes, le campement amérindien se trouvait adossé à l’établissement colonial de la mission. Il était voisin de l’église de pierre qui devait être à proximité ou dans l’enceinte du fort et non loin d’autres bâtiments comme le poste de traite. La proximité devait générer beaucoup de rencontres, de négociations et de tensions, du moins par rapport aux périodes de chasse en hiver lorsque les Népissingues étaient en déplacement constant. Cette situation de coexistence intégrait les perles de verre au quotidien dans la vie des Népissingues, à l’intérieur des rencontres, des négociations et tensions en étant portées et échangées.
À l’époque du Régime français, une telle proximité de campement amérindien et d’un établissement européen ne semble pas être exceptionnelle :
(Côté, 1994 : 49).… les quelques sites autochtones postérieurs au début du XVIIe siècle qui ont été découverts et étudiés par les archéologues, l’ont été le plus souvent en marge d’établissements eurocanadiens comme les postes de traite ou les missions
Sur le territoire de l’archipel montréalais, les groupes amérindiens étaient tolérés et même domiciliés avec la pleine participation de l’élite coloniale. L’établissement des Amérindiens à proximité des postes de traite et des missions était profitable aux colons, assurant ainsi un apport constant de fourrures. De plus, la cohabitation est une manifestation de cette « colonisation extensive » : un faible nombre de colons regroupés assurant une alliance avec un grand nombre d’Amérindiens mobiles pouvant défendre les intérêts de la couronne française. Ainsi, les Français ont construit leur idée d’empire colonial sur le mode de vie des Amérindiens, leur occupation du territoire et leur rythme saisonnier de mobilité hivernale et de campement estival.
Un autre concept s’emboîtant dans le middle ground de Richard White (1992), celui de l’appropriation de Laurier Turgeon (2003), nous a permis d’intégrer les perles de verre aux cultures en contact.
À l’instar de Richard White, Laurier Turgeon conceptualise l’espace de contact comme un lieu de tensions, mais sa principale contribution réside dans ses observations sur les nouveaux sens qu’acquièrent les objets d’échange lorsqu’ils passent d’une culture à un autre. Lorsqu’un objet prend place dans une culture d’accueil, il peut acquérir un tout nouvel usage, fondamentalement différent de ce que la culture d’origine lui a conféré. « Transformer ou modifier leurs usages (les objets) devient une manière de marquer une appropriation » (Turgeon, 2003 : 24). Ainsi, un objet à fonction davantage utilitaire dans la culture coloniale française peut, dans la culture amérindienne, soit la culture d’accueil, revêtir un sens symbolique (Turgeon, 1996 : 165). D’après les données ethnohistoriques, la perle de verre faisait l’objet d’une telle appropriation par la culture amérindienne.
Pour les colons européens, les perles de verre, tout comme les perles de coquillage, revêtaient une fonction utilitaire à vocation surtout commerciale. Même si les perles de verre étaient produites en Europe, elles étaient surtout destinées à l’exportation dans les colonies (Turgeon, 2005 : 76). Lors de leur passage dans la culture amérindienne par le biais de l’échange, les perles de verre revêtaient de nouvelles fonctions, dont celle de la communication symbolique visuelle. Les perles de verre étaient consommées avec un souci de reproduction symbolique de la conception cosmologique amérindienne. De plus, il semble que les groupes amérindiens se soient constitué un amalgame identitaire de perles de verre ayant pour fonction d’afficher leur appartenance culturelle.
(Turgeon, 2005 : 76).La prise de possession de nouveaux objets entraîne non seulement la reconfiguration culturelle, mais aussi la reproduction sociale et la régénération des individus et des groupes
Cette reconfiguration culturelle décrite par Turgeon s’exprime donc aussi par l’usage fondamentalement différent qu’en font tous les acteurs sociaux du groupe. Donc, les perles de verre sont consommées différemment par tous les membres du groupe culturel d’accueil : vieux, jeunes, bébés, morts, hommes, femmes (Karklins, 1992 : 61 ; Turgeon, 2005 : 80‑81). Cette manière de reproduire des positions sociales à travers l’habitude de consommation des perles de verre illustre une autre facette de l’appropriation des perles de verre dans la culture amérindienne. Objets cosmologiques, sociaux et identitaires, les perles de verre de l’île aux Tourtes participaient de manière originale à la production culturelle du groupe des Népisisngues de l’archipel montréalais.
Sujet à toutes les influences culturelles arrivant par les rivières Outaouais, des Mille‑Îles, des Prairies et du fleuve Saint‑Laurent, le site de l’île aux Tourtes détonne par l’uniformité de son assemblage de perles de verre. Nous avons constaté la forte représentation des couleurs blanc (44,22%), bleu (32,97%) et noir (12,97%), qui composent 90,16 pour cent du total de l’ensemble des perles de verre en plus de la forte représentation des perles de forme annulaire (81,51 %). Une telle uniformité est remarquable vu le nombre de groupes culturels qui ont pu faire escale sur ce site localisé sur l’une des voies les plus achalandées de la colonie et à proximité de Montréal. Nous proposons donc que cette uniformité reflète les choix culturels d’un groupe ayant occupé en majorité le site, les Népissingues.
De plus, rappelons la faible représentativité des perles de couleur rouge ou polychrome contenant du rouge. Cela contraste avec d’autres assemblages de perles découverts dans le Nord‑est de l’Amérique, surtout en Ontario, qui contenaient une quantité notable de perles de verre rouge. D’après von Gernet (1996 : 174), les Népissingues n’étaient pas intéressés par les perles de couleur rouge, à l’inverse des Hurons.
Les Népissingues sont décrits comme des intermédiaires importants dans la traite des fourrures avec des groupes de la région des Grands Lacs (Ethnoscop, 1984 : 16 ; Robichaud et Stewart, 2000 : 44). Pour effectuer la liaison entre l’archipel montréalais et les Grands Lacs, les Népissingues empruntaient la route des Outaouais.
(Trudel, 1973 : 91).Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, on peut considérer l’Outaouais comme une route stratégique. En effet, on ne peut plus atteindre les Pays‑d’en‑Haut par le haut Saint‑Laurent, car les guerres iroquoises le rendent impraticable
En revendiquant aux autorités coloniales l’île aux Tourtes comme havre et établissement estival, les Népissingues furent astucieux, car ils occupèrent un poste clef et renforcèrent leur rôle d’intermédiaires dans la traite des fourrures entre les Grands Lacs et Montréal. Ce poste devait intercepter les marchandises descendant du nord‑ouest avant qu’ils n’arrivent sur le marché très concurrentiel de Montréal.
Si le campement de l’île aux Tourtes montre une stratégie d’adaptation à la réalité du commerce des fourrures, la courte durée de l’existence de ce campement, de 1703 à 1727, semble aussi s’inscrire dans la tradition algonquienne. En observant la carte des déplacements des campements estivaux des Népissingues dans l’archipel montréalais (figure 8), nous remarquons que leurs déplacements obéissent à un cycle d’une vingtaine d’années et moins. Cette population de Népissingues a été évaluée à environ deux cents individus (Payeur et Viau, 1989 : 51). Il est probable que ces gens aient toujours transféré leur lieu de campement d’été au bout d’un certain temps en raison de l’épuisement du territoire immédiat en ressources biotiques.
Il est possible que les Népissingues aient suivi une certaine part de leur tradition dans leurs déplacements sur le territoire de l’archipel de Montréal. Les peuplades amérindiennes semi-sédentaires se déplaçaient environ à chaque génération, en fonction de l'épuisement progressif du gibier local et de la fertilité des sols. Entre autres, ils semblent avoir maintenu leur activité traditionnelle commerciale d’intermédiaire entre les peuplades du nord et les colons dans le commerce des fourrures. Bien que cette activité ait prévalu dans la culture préhistorique des Népissingues, dans les espaces de contact de l’archipel montréalais, elle leur a procuré un avantage stratégique dans la situation commerciale régionale à la période historique. À travers les bouleversements qu’amène la période du Régime français, le maintien des traditions des Népissingues est visible dans l’assemblage des perles de verre de l’île aux Tourtes. Leur cohésion et leur traditionnalité sont observables dans l’uniformité des couleurs qui se maintient sur une vingtaine d’années.
Tout comme les Hurons, les Népissingues ont été chassés par les Iroquois à deux reprises de leur territoire ancestral, le lac Népissingue, vers 1653 et encore vers 1684. Ce groupe est arrivé dans l’archipel de Montréal et est connu pour avoir fréquenté les abords du fort Cuillerier jusqu’en 1702 (Robichaud et Stewart, 2000). Entre 1653 et 1680, il est possible que certains d’entre eux aient résidé pendant l’été aux abords de la rivière l’Assomption et, entre 1673 et 1674 à l’éphémère mission de Gentilly‑La Présentation à la baie d’Urfé (Day, 1978 : 789). Vers 1700, les Népissingues de l’archipel montréalais demandèrent l’île aux Tourtes comme lieu où passer l’été (Robichaud et Stewart, 2000), lieu qui fut chapeauté par la mission sulpicienne. Leur fréquentation de la mission s’échelonna sur 24 ans. À partir de 1721, les habitants de l’île aux Tourtes furent déplacés à la mission du lac des Deux‑Montagnes à Oka. Les déplacements des Népissingues dans l’archipel montréalais sont empreints d’accommodements et de stratégies traditionnelles et commerciales permettant la survie du groupe. De plus, par la voie de l’Outaouais, ce groupe semble avoir entretenu un contact continuel avec les territoires plus en amont. On sait qu’à partir de 1700, les populations algonquines de la vallée de l’Outaouais commencèrent à réoccuper leurs territoires de chasse ancestraux (Ethnoscop, 1984 : 19). Il est possible que les Népissingues de l’archipel montréalais aient demandé à s’établir plus à l’ouest dans l’archipel désirant se rapprocher de leurs territoires de chasse et de leurs partenaires commerciaux tout en profitant d’une situation avantageuse permettant de contrôler le trafic des fourrures sur la voie d’eau de l’Outaouais.
À l’arrivée des Européens dans le Nord‑est américain, le climat est tel qu’il permet une redéfinition des peuples amérindiens. Ce climat a fait émerger de nouvelles identités issues des contacts avec les mœurs européennes qui généraient l’appropriation d’objets et de coutumes. Comme les relations de nature commerciale ont perturbé le système économique traditionnel des Népissingues, ces derniers n’eurent d’autres choix que de s’adapter à ces changements et de raffermir leur rôle commercial pour tout le territoire des Grands Lacs jusqu’à l’archipel montréalais.
Aujourd’hui, nous ignorons qui sont les descendants directs des Népissingues puisque cette identité n’a pas perduré. Il se peut qu’ils se soient disséminés à travers les réserves amérindiennes de l’est de l’Ontario et de l’ouest du Québec. Il est possible qu’un certain nombre des habitants de la réserve de Maniwaki, au confluent des rivières Désert et Gatineau, soient des descendants des Népissingues de l’archipel montréalais (comm. pers. Roland Viau, décembre 2007).
Puisque les Népissingues jouaient le rôle d’intermédiaires entre Français commerçants et Amérindiens pourvoyeurs en fourrures, nous pouvons suggérer qu’ils devaient entretenir des rapports privilégiés avec les autorités coloniales, sinon avec les commerçants. Rappelons que les Népissingues sont mentionnés dans les sources écrites comme des partenaires militaires guerroyant aux côtés des Français et d’autres nations amérindiennes (Outaouais, Objibwas, Poutéouatamis, Mascoutens, Renards, Kicapuos, Winnebago, Sakis, Miamis, Illinois)(Havard et Vidal, 2003 : 109). De plus, cette relation privilégiée est remarquable par l’obtention après revendications de l’île aux Tourtes comme lieu de résidence d’été.
Il existe des difficultés à étudier un peuple comme les Népissingues qui chevauchent préhistoire et histoire. Leur identité n'est connue qu'à travers les sources historiques, et ce, à un moment où leur comportement traditionnel peut déjà avoir été modifié par leur participation aux activités commerciales. L'identité culturelle des Népissingues peut donc reposer sur une dichotomie de caractéristiques traditionnelles et historiques.
Dans ce travail, nous avons analysé l’espace culturel de l’archipel de Montréal afin de constater s’il y avait bien une différenciation entre les secteurs est et ouest, dont les limites se situent aux rapides de Lachine. Cette analyse a été effectuée à partir de la distribution des sites archéologiques du Régime français d’après la présence ou l’absence de perles de verre dans les inventaires. Ensuite, notre étude s’est penchée sur la distribution spatiale de 925 perles à travers les tissus archéologiques du site de l’île aux Tourtes. Cette analyse a été nécessaire afin de parfaire les connaissances sur l’organisation spatiale du site. De plus, nous avons effectué une analyse à l’échelle de l’objet, ainsi, les perles de l’île aux Tourtes ont été étudiées et quelques informations ont pu être tirées de l’analyse typologique de cet assemblage. Enfin, nous avons procédé à une réflexion concernant les concepts du middle ground de Richard White (1992) et de l’appropriation de Laurier Turgeon en rapport avec nos analyses des perles. Plusieurs informations ont émané de cette discussion.
L’utilisation des perles de verre à des fins de compréhension globale de l’archipel montréalais nous a permis de cerner trois zones. La première zone se situe à l’extrême ouest de l’archipel montréalais et est décrite comme une zone de tension où se déroulait un contact permanent entre populations amérindiennes et coloniales. Cette zone faisait partie intégrante d’un espace de contact compris dans ce que White a nommé le middle ground. C’est dans cette section de l’archipel que se produisaient les contacts entre colons et Amérindiens et d’où étaient issus des comportements nouveaux. La seconde zone de l’archipel montréalais inclut le noyau ancien de la ville de Montréal comprenant la pointe à Calllière. Zone fortement francisée, la ville de Montréal comportait des perles de verre de manière presque accessoire, par rapport au cadre de vie européanisée. La dernière zone est située à l’est des rapides de Lachine et comprenait les activités agricoles et domestiques des colons, où les perles étaient rares ou inexistantes.
Lorsqu’une perle de verre est mise au jour au cours des fouilles archéologiques, cela ne signifie pas exactement que le site se trouve dans une zone de tension où se rencontraient colons et Amérindiens. Pour qu’un terrain soit qualifié de lieu de rencontre, il faut que l’espace ait été utilisé de manière intensive à des fins d’interactions comme la traite des fourrures ou l’évangélisation des Amérindiens. Pour une telle caractérisation, nous croyons que la proportion de perles de verre doit être supérieure à une perle au mètre carré, pour une occupation plus ou moins intensive et non fortuite. De plus, les structures en place doivent répondre à une certaine motivation à la rencontre de ces deux cultures.
Trois espaces identitaires ou culturels dans l’île aux Tourtes ont émergé de l’étude de la distribution des perles. Un espace compris dans le secteur de l’église de pierre et du cimetière s’est révélé pauvre en perles, avec moins d’une perle au mètre carré (0,0625 à 0,75 perle). Nous avons associé ce secteur à une fonction religieuse, cette affirmation est appuyée par la présence de quelques perles de chapelet. C’est dans ce secteur qu’ont été mises au jour les deux perles de coquillage et la perle de grès fin. Les activités qui se déroulaient dans ce secteur du site devaient concerner la pratique de la religion incluant les visites et les inhumations au cimetière. Cet espace était fréquenté tant par les colons européens que par les résidants amérindiens de l’île. Un autre secteur qui a été identifié est celui situé à l’est de l’église de pierre. Cette zone est caractérisée par une densité moyenne de perles issues des fouilles, d’une à cinq perles au mètre carré. Ce secteur n’a pas livré de vestiges de structures mis à part une portion d’un mur de maçonnerie. Nous attribuons la fonction de ce secteur à une aire de circulation qui se trouvait entre le fort et les habitations amérindiennes. Enfin, la fonction d’habitat amérindien a été attribuée à une zone au nord‑est de l’église de pierre. Ce secteur a livré une quantité impressionnante de perles (7,25 à 20 perles au mètre carré), une structure de foyer et des objets attribués à une utilisation amérindienne.
L’analyse à l’échelle de l’objet nous a permis de faire émerger quelques constatations. D’abord, les couleurs principales de perles qui forment l’assemblage sont le blanc, le bleu et le noir composant 90,16 pour cent du total des perles. Ces couleurs reflètent le monde symbolique des Amérindiens d’Amérique du Nord, un monde qui est dualiste, opposant le blanc au noir, la paix à la guerre. L’uniformité de l’assemblage des perles suggère une uniformité culturelle du groupe amérindien qui fréquentait l’île, qui semble s’accorder avec les textes historiques qui mentionnent une majorité de Népissingues. Comme ce groupe n’a jamais fait l’objet d’une étude approfondie, les perles de l’île aux Tourtes sont une source d’information sur ce que devait être leur mode de vie. Ensuite, d’après les chronotypologies élaborées pour la région des Grands Lacs (Karklins, 1982 ; Kenyon et Kenyon, 1983 ; Wray, 1973, 1983), l’assemblage des perles de l’île aux Tourtes est un ensemble typique de la période 1670 à 1760. Sur les 925 perles de l’assemblage, 922 spécimens sont de facture de verre tandis qu’un seul spécimen est en grès fin indéterminé. Deux perles sont en coquille, une de facture probablement locale à partir d’une coquille de mollusque, une autre de matériau exotique, à partir d’une partie d’un coquillage qui se retrouve sur la côte atlantique. Bien que la présence de deux perles de coquillage ait été notée, nous avons constaté l’absence de perles de wampum de l’assemblage des perles de l’île aux Tourtes. Ce type de perle étant relié aux relations diplomatiques, ces échanges devaient se produire en un autre endroit que la mission sulpicienne. L’ensemble de ces constatations a été mieux compris grâce aux idées de Richard White, Laurier Turgeon et autres, sur les phénomènes de contact.
Depuis l’automne 2006, le site archéologique et historique de l’île aux Tourtes est sujet à une évaluation de la part du Ministère de la Culture et des communications pour un aménagement du site et une mise en valeur de ses vestiges. Nous espérons que cette étude pourra conduire à une accessibilité du site au public. Bien sûr, les fouilles archéologiques dans ce secteur ne sont pas terminées et, grâce aux données qui seront récoltées ultérieurement, bien d’autres études pourront être possibles. Ainsi, la mission, le fort, le poste de traite et les Népissingues de l’île aux Tourtes pourront livrer des secrets qui ne furent pas révélés par les sources documentaires historiques.
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